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monuments aux morts
de la guerre 1914-1918
essai de dictionnaire historique (incomplet)
par Michel Renard
1 - Chercher un monument dans un département : * DES MILLIERS DE PHOTOS *
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2 - Comprendre : Édifier un monument aux morts, les six étapes, explications et images. * NEW *
3 - Regarder la vidéo Lamentations monuments aux morts. * NEW *
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à la mémoire de
Joseph Renard (1874-1915), mon arrière-grand-père paternel, mort dans l'éboulement d'une tranchée à Allencombe (3 km à l'est de Badonviller, Meurthe-et-Moselle) lors du bombardement de la position le samedi 27 novembre 1915 à 10 heures 30 du matin.
De son métier il était jardinier dans une maison bourgeoise à Chitry-les-Mines dans la Nièvre. Chitry, pays de Poil de carotte, où l'écrivain Jules Renard passa son enfance et dont il fut le maire à partir de 1904... Je ne sais si Jules et Joseph se sont rencontrés... Peut-être... La veuve de Joseph lui survécut 53 années puisqu'elle disparut en 1968.
Eugène Poussard (1893-1985), mon grand-père maternel, blessé le 28 février 1915 en Argonne (cote 263) : plaies multiples au nez et à la jambe droite par éclat d'obus ; blessé le 25 décembre 1916 à Haudiomont (Meuse) par éclat d'obus, fracture à l'humérus, paralysie, radial, séton bras droit.
- citation à l'ordre de la 9e Division en date du 24 février 1915, n° 397 1/D : "Ont par leur sang froid et leur énergie arrêté la progression de l'ennemi dans un élément de tranchée et l'en ont chassé à la baïonnette"
- citation à l'ordre du Régiment n° 209 en date du 29 août 1916 : "Le 29 août 1916, pendant un violent bombardement a contribué par sa belle attitude et son sang-froid à repousser l'ennemi à la grenade. A aussitôt rétabli la liaison interrompue par suite du bombardement avec le reste de la section".
Marcel Beaulieu (1872-1895) mon arrière-grand-oncle, le beau-frère de Joseph Renard, mort au retour de la campagne de Madagascar en 1895. Il a fait partie du corps expéditionnaire, appartenant au 200e de Ligne, le seul régiment d'origine métropolitaine.
Il a débarqué sur la grande île africaine en mars 1895. On ignore la date précise ainsi que la cause de son rapatriement (blessure, maladie...?). Il est mort à l'hôpital de Marseille le 22 novembre 1895, à l'âge de 23 ans.
Son acte de décès, mentionné dans sa commune de naissance, Gy-les-Nonains (Loiret), avait été enregistré à Marseille sur la déclaration faite par deux témoins : le caporal César Susini, de la 15e section, et Michel Simon, soldat de la même section.
Ainsi, mon arrière grand-mère Marcelline (1873-1968) - que j'ai connue - a perdu l'un de ses frères en 1895 et son mari, Joseph, en 1915.
C'est peut-être à ses trois aïeuls que je dois d'avoir effectué une Préparation Militaire Supérieure puis les E.O.R. (Élèves Officiers de Réserve) à Saint-Cyr-Coëtquidan pour servir comme aspirant durant mon service militaire et d'être ensuite nommé lieutenant.
Michel Renard
contact
à gauche, à Coëtquidan,
automne 1977,
major de ma section
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recenser et interpréter les monuments aux morts
Il y aurait 38 000 monuments aux morts érigés après la Première Guerre mondiale dans les communes de France. Leur grande diversité interdit de les qualifier simplement, même s'ils relèvent en partie de l'art de série.
La distance mentale qui nous sépare des combats et sacrifices de 1914-1919, ainsi que les contingences des années de sortie de guerre nécessitent, pour les comprendre, de procéder à leur inventaire, à une appréhension des contextes (politique, financier, culturel) et à une identification symbolique de ces édifices mémoriels nés de la Grande Guerre.
On imagine mal l'ampleur de l'élan commémoratif en France. Si l'on retient les six années de 1920 à 1925, il y aurait eu 16 ou 17 inaugurations par jour...!
interprétation
L'interprétation générale des monuments aux morts est établie. La plus répandue et la plus unanime est fournie, bien évidemment, par l'historien Antoine Prost dans sa contribution à l'ouvrage, lui-même monumental, Les lieux de mémoire (1984), dirigé par Pierre Nora.
Antoine Prost propose une typologie retenant trois signes révélateurs : la localisation, la composition, l'inscription. Il déploie ensuite une sémiologie identifiant trois variétés ; le monument civique, le monument patriotique, le monument funéraire. On peut discuter ses analyses, et notamment la distinction entre les dimensions "patriotique" et "nationaliste" : le coq gaulois, le Poilu triomphant, les plis d'un drapeau ou les ailes d'une Victoire, faisant passer de l'une à l'autre... On a, depuis, ajouté deux autres variétés : le monument pacifiste et le monument de douleur.
monument aux morts : le peuple en ces comices
Mais le constat d'Antoine Prost reste valide : le mouvement qui a conduit à cet élan commémoratif est "populaire, profond et large, antérieur à la victoire même". Il procède d'une confluence d'inspirations et d'interventions : "On n'est donc en présence ni d'une initiative purement privée, ni d'une entreprise étatique, mais de la convergence d'actions municipales. Ce n'est ni un groupe de citoyens, ni l'État qui décident de rendre hommage aux morts de la guerre, mais les communes, les citoyens dans leur groupement civique de base, le peuple en ces comices... En témoigne l'inscription le plus souvent gravée sur les monuments : «la commune de... à ses enfants, morts pour la France», qui institue une relation précise entre trois termes : la commune qui revendique son initiative collective ; les citoyens morts, destinataires de l'hommage ; la France enfin, qui reçoit leur sacrifice et le justifie".
D'où l'intérêt d'une recension des monuments aux morts par commune. Dans son enquête, Antoine Prost avait vu lui-même 306 monuments, en sept campagnes ; des collaborateurs lui en avaient fourni 51 supplémentaires et des questionnaires adressés aux instituteurs avaient fait remonter 201 réponses. Son échantillon totalisait 564 monuments pris en compte par l'analyse.
les progrès de la recension
Aujourd'hui, les échantillons ont été multipliés quantitativement. La question historiographique est désormais de savoir si les progrès de la recension confirment, invalident ou modifient les interprétations existantes
De nombreuses études sectorielles existent déjà, ainsi que de nouvelles synthèses en cours.
Ce blog vise d'abord à rassembler (1) les images anciennes de ces monuments (même quand elles sont dégradées), notamment à partir des cartes postales anciennes (cpa) et semi-modernes (cpsm) ou d'autres photographies.
La carte postale peut représenter le monument tout seul, ou dans un environnement sans rapport avec sa signification. Dans ce dernier cas, on dispose d'un paramètre supplémentaire pour apprécier son insertion dans le dispositif monumental et symbolique préexistant (église, mairie, place, école, poste, cimetière...) (2).
Enfin, les représentations d'inaugurations sont une source pour sonder la dimension politique, locale et nationale, des commémorations et de l'instauration d'un culte républicain.
Michel Renard, professeur d'histoire
blog créé le 23 septembre 2007
1 - Ce travail est en cours. Certains départements comptent de nombreuses communes, d'autres trop peu encore. Il s'enrichit régulièrement.
2 - Il y aurait aussi à dire des usages écrits d'une carte postale figurant un monument aux morts. Le message n'a, dans la quasi totalité des cas, aucun rapport avec l'objet représenté. On peut adresser ses voeux de nouvel an et de bonne santé au dos d'une carte de monument aux morts...
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liens
vers sites de recension photographique des monuments aux morts
- site d'Alain Choubard, très informé, ajoute aux photographies de monuments sculptés, des fiches signalétiques denses en informations :
"Ces petits textes signalétiques sont l'aboutissement d'une recherche menée depuis la fin des années 1990. Ils s'appuyent avant tout sur un inventaire personnel mené dans plusieurs centaines de communes. Puis, la démarche fut confortée par la lecture systématique des sources bibliographiques. Quand elles existent encore, les archives furent, elles aussi, sollicitées, tant au niveau départemental que, pour tenter de compléter les manques, à l'échelon communal."
Il s'agit, à ma connaissance, du travail individuel de recension le plus considérable, alliant une iconographie précise à des recherches en archives très étendues. Sa base d'auteurs (sculpteurs, architectes, marbriers, fondeurs...) est ilmpressionnante.
Alain Choubard est l'auteur de : Les 500 plus beaux monuments aux morts de France (octobre 2014).
- site du photographe Philippe Saget (et autres collaborateurs) : galerie de photos sur la plupart des départements.
- le site Queutchny 14-18, des milliers de photos de monuments aux morts, avec près de 120 collaborateurs.
- le site Mémoire des soldats de ma commune.
Saint-Chamond (10 avril 2014) © MR